Toucy et son histoire

 

Repères historiques

 

Sources : - Jean-Pierre PIETAK

                  - Horace MARCOUX « Toucy...Terre d'histoire... » éd. 1997.

 

A Toucy, on a trouvé des traces de la présence humaine du paléolithique au néo lithique (découverte d'outils en silex, hache en bronze) et la protohistoire (statue votive de sanglier, statère d'or). Les Gaulois (celtes de la tribu des Sénons) se sont probablement établis dans un oppidum barré édifié sur un promontoire naturel stratégique dominant la vallée de l'Ouanne et qui aurait été à la base de la future motte castrale et du village.

Pendant l'Antiquité, Toucy (Toutiacus) semble avoir été un pagus gallo-romain notable (mention sur le cartouche de Caïus Amatius Paterninus déposé au Louvre, référence antérieure à 250 ap JC), centre probable d'un vaste territoire assimilable à la Puisaye actuelle, région sidérurgique antique de premier ordre : plus de 2 500 ferriers inventoriés (amas de scories issus de la réduction du minerai de fer en bas-fourneaux sur une période de 1 000 ans).

(pour cette période, consulter les études de Jean-Pierre Piétak : bulletins n° 70-2000, n° 77-2007, n° 78-2008, n°81-2011).

Au  Ve siècle, Toucy et sa région sont intégralement une possession de l'évêque saint Germain d'Auxerre.

En 693, le règlement de l'évêque saint Tétrice (Tetricus), mentionne Toucy (Tociacus) parmi 50 paroisses devant faire chacune à leur tour l'office à la cathédrale d'Auxerre. Toucy est absent du règlement de saint Aunaire de 578.

En 841, la bataille de Fontenoy (à 10 km) marque l'époque carolingienne; Y ont combattu entre eux, pour le partage de l'Empire les petits-fils de Charlemagne, Lothaire contre Louis le Germanique et Charles le Chauve. Le hameau des Guerriers tiendrait son nom du cantonnement des troupes de Lothaire.

(pour Fontenoy voir le site de l'association).

En 980, l'évêque d'Auxerre Héribert, fils illégitime d'Hugues le Grand et de sa concubine Raingarde, frère naturel d'Hugues Capet construit sur ses terres de Toucy et de Puisaye, un château (peut-être la motte castrale) et un autre château à Saint Fargeau pour combler sa passion de la chasse.

En 1015, Hugues de Chalon crée les baronnies de Toucy et de Donzy lors du partage par le roi des terres de l'évêque d'Auxerre et du comte Landry de Nevers. Le fief de Toucy est attribué à Ithier de Narbonne C'est le début de la baronnie des puissants seigneurs de Toucy, famille issue de la maison de Narbonne, dynastie qui se terminera en 1266 par le mariage de Jeanne de Toucy avec le comte de Bar Tiébault II, les croisades ayant eu raison de tous les descendants masculins. C'est aussi le début d'un double système castral baronnie châtellenie à Toucy.

En 1060, au cours d'une guerre entre le comte d'Auxerre Guillaume III de Nevers et le duc de Bourgogne Robert le Vieux allié au comte Thibault de Champagne, la ville est entièrement rasée.

Vers 1100, l'évêque Humbaud entreprend la reconstruction du château seigneurial, plus vaste, avec une chapelle qui sert d'église paroissiale. C'est pour partie l'actuelle chapelle des Seigneurs.

Vers 1170, le baron Narjot II de Toucy (1148-1180) et son parent Guillaume de Toucy, évêque d'Auxerre, reconstruisent le château de Humbaud avec une architecture militaire, ainsi que le Petit Châtel, résidence des évêques d'Auxerre, comprenant une chapelle qui deviendra un chapitre canonial (détruite en 1793 comme bien national). En même temps, ils reconstruisent entièrement l'enceinte de la ville.

Dans ce même temps, ce même Narjot II surmonte d'une imposante tour la motte castrale initiale d'Héribert.

En 1423, les Anglo-Bourguignons anéantissent totalement Toucy qui restera une ruine pendant un siècle.

Le Petit Châtel est relevé en 1523 par l'évêque François de Dinteville, mais le donjon et la maison seigneuriale sont abattus par Aymar de Prie pour recontruire un nouveau château hors les murs de Toucy (Château de la Motte-Miton). L'église paroissiale actuelle est construite dans l'angle nord laissé libre par la destruction de la demeure seigneuriale, en s'appuyant sur les remparts nord et ouest et en englobant les restes de la chapelle seigneuriale.

(étude détaillée dans « Eglise Saint-Pierre de Toucy » 2003).

Au XVIe siècle, après une longue période de désolation, Toucy se reconstruit petit à petit : voir les vieilles maisons de bois et de torchis de la rue du Marché, rue Lucile Cormier, rue Neuve, rue du Miton.

Les terres sont remises en valeur, des moulins construits, commerce et industrie se développent. Toucy se fait un nom dans la fabrication de tissus, toiles, poulangis (chanvre et laine), dans l'industrie du bois et du cuir, des matériaux de construction.

Au XVIIIesiècle, le marquis de la Perratière édifie le château actuel transformant en terrasse la partie ouest et ne conservant que deux tours reliées par un bâtiment.

A la Révolution on ne note pas de grosses exactions. Toutefois, le dernier seigneur de Toucy, Micault de Courbeton, émigré, fut guillotiné à son retour. Ses biens nationalisés sont rachetés par son fils puis passent au marquis de Vérac dont les héritiers démantèlent et vendent les propriétés.

(bulletin n°13-mars 1966, article d'Horace Marcoux, « Le château de Toucy et la Révolution »).

Le XIXe siècle et ses nombreux régimes voit le développement des routes, la restauration des ponts, la construction du chemin de fer et l'aménagement du bourg.

Pierre Larousse, né à Toucy en 1817, y enseigne de 1838 à 1840 avant de se consacrer à la rédaction d'ouvrages pédagogiques et de son Grand Dictionnaire Universel.

(voir le site de l'association Pierre Larousse).

Les grands bâtiments scolaires, filles (école élémentaire actuelle), garçons (rue Aristide Briand) sont construits à partir de 1883.

Après la défaite de Sedan,  Toucy est occupé et soumis à de lourdes réquisitions.

Maire de 1892 à 1918, Paul Defrance lance d'importants travaux : réseau d'eau potable, usine électrique. Toucy continue à se développer : filatures, tuileries, ocrerie, scieries, tanneries, brasserie, fabrique de cycles, taillanderie, exploitation des ferriers. Les marchés sont particulièrement florissants. La population est alors de 3600 habitants.

La guerre de 1914 arrête brutalement cette évolution. 112 Toucycois trouvent la mort dans cet horrible conflit.

De nombreux ateliers disparaissent et l'exode rural commence à se faire sentir.

Dans les années 30, Toucy connaît une activité commerciale et industrielle dynamique.

Le 15 juin 1940, sept avions allemands mitraillent et bombardent la ville alors que Toucy accueille de nombreux réfugiés partis sur les routes de l'exode et des militaires en déroute. Le bilan est terrible : 75 morts dont 27 Toucycois, des cadavres non identifiés, de nombreux blessés, des disparus, une cinquantaine de maisons détruite et tout un quartier martyrisé et livré au pillage.

(consulter le bulletin n°14-septembre 1966, article de Marcel Poulet, « Toucy, 15 juin 1940 »).

S'ensuit la douloureuse période d'occupation. Il faut vivre avec les réquisitions, la carence de tous les produits essentiels, les tickets de rationnement. 11 soldats sont tués, d'autres sont prisonniers et ne rentreront qu'en 1945, des Toucycois sont déportés.

Le maquis s'organise (Robert et André Genet) et Toucy est libéré.

Après guerre, un gros effort de reconstruction des quartiers sinistrés est entrepris. On retrouve alors les antiques murailles médiévales de la Motte.

Au cours des années 60, la ville s'équipe : nouvelle poste, HLM, collège, piscine, aménagement de la voirie en supprimant malheureusement le lavoir de la Gargouille et le bief du Pâtis, étang.

Dans les dernières décennies un effort tout particulier est fait en direction des jeunes : création du lycée, de la bibliothèque, de l'école de musique, de terrains et locaux sportifs, construction d'une nouvelle école maternelle.

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